Rue du Collège, le regard s’arrête devant une étonnante réalisation de la reconstruction après 1918. La maison égyptienne de Soissons révèle une architecture au décor singulier reconnue dès sa conception en 1925.
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Au lendemain de la Première Guerre mondiale, le secteur nord de Soissons est en majeure partie ruiné. Sur le grand axe urbain de la Place Saint-Christophe jusqu’à l’Aisne, la reconstruction va faire place nette en privilégiant l’alignement des rues sur l’ensemble de la rive nord. Les anciennes maisons ruinées sont rasées. La chaussée passe de 8 à 12 mètres de largeur et un nouveau rang de façades voit le jour.
André Perrin est l’architecte du 22 rue du Collège. Le parti pris est celui de la mode égyptisante alors en vogue depuis la découverte du tombeau de Toutankhamon en 1922 : décors de mosaïques ou de pierre reconstituée, la maison égyptienne s’orne de scènes et de motifs de l’Égypte ancienne.
La qualité d’exécution et l’originalité du registre décoratif lui valent d’être présentée dans un long article de La Construction moderne en 1925, mettant à l’honneur les corps de métier qui y ont œuvré.
La seconde moitié du XIXe siècle marque, avec le développement des fouilles archéologiques, un net regain d’intérêt en France pour la mosaïque décorative. Cette renaissance doit beaucoup aux artisans italiens.
Giacomo Mazzioli arrive en France vers 1867 afin de travailler à la décoration de l’opéra Garnier. Spécialisée dans l’art de la mosaïque, la famille Mazzioli acquiert une solide réputation avec la décoration du casino de Deauville, entre autres. La tradition se transmet de père en fils.
L’originalité soissonnaise réside dans le fait que ce soit l’Égypte qui ait inspiré le commanditaire du 22 rue du Collège. On retrouve sur la façade des fleurs de lotus, des papyrus, des portraits de pharaons, des disques solaires. L’empire des pharaons était réputé pour sa médecine, on comprend alors aisément que le commanditaire, M. Cousin ait choisi de faire décorer l’enseigne de sa nouvelle boutique spécialisée dans l’herboristerie et l’orthopédie dans le goût égyptisant. La façade, rehaussée d’éléments décoratifs faisant clairement référence à l’Egypte ancienne est animée d’un jeu de reliefs par le biais des balcons et bow window mis en évidence par de belles ferronneries. La décoration du niveau inférieur est donc confiée aux frères Mazzioli qui ont produit un ensemble de mosaïques remarquable. Sur le reste de cette façade, les décors égyptiens ont été réalisés en ciment par la société parisienne Les Sculpteurs décorateurs.